Nombreux sont les pays et les producteurs à s’essayer à la production de vin. Mais tous les domaines ne se valent pas. Il en va de même pour le chanvre cultivé aux quatres coins du globe. Il y a l’art et la manière de faire pousser le cannabis.
En la matière, certaines régions se distinguent incontestablement : la Jamaïque et son indissociable duo ganja/reggae, le comté de Humboldt en Californie, bastion des hippies partis cultiver le cannabis dans les années 70, le Maroc, royaume du Kif et des hashish ou encore l’Afghanistan et le Rajasthan en Inde, où leur savoir-faire millénaire donnent vie aux meilleures résines.
Toutes ces aires de production renommées ont un point commun : la culture en milieu naturel.
Pourtant, dans les années 90 avec l’essor du cannabis fortement dosé en THC et la légalisation contrôlée aux Pays-Bas, un autre mode de culture apparaît aux antipodes des cultures traditionnelles : la culture indoor et avec elles de nombreuses dérives.
Vous imaginez-vous boire du vin dont le raisin n’aurait pas vu un rayon de soleil ?
Voyons pourquoi un pied de chanvre comme un pied de vigne a besoin de fouler un sol riche et ensoleillé pour faire un bon cru.
La culture indoor : récolter plus, pour gagner plus
Décupler les taux de thc, les récoltes et les rendements financiers, voilà ce qui a favorisé l’essor de la culture “indoor”. Cette culture en intérieur implique un éclairage artificiel au moyen de lampes innovantes, de contrôles hygrométriques minutieux, d’intrants chimiques, et parfois de plantations hors-sol à l’aide de substrats ou d’hydroponie pour accélérer la croissance des plantes.
Cette culture intensive cherche également à optimiser la production de certains cannabinoïdes. Le THC pour le marché dit des “stoners” ou le couple CBG/THC destiné à l’industrie pharmaceutique en quête de concentrations élevées dont elle cherche à extraire un maximum de molécules et donc un maximum de rentabilité.
La culture en intérieure répond à une recherche de rendement maximum (plusieurs récoltes par an) et l’optimisation de la production de certains cannabinoïdes. THC pour pour le marché dit des “stoners”, ou couple CBG/THC pour l’industrie pharmaceutique en recherche de concentrations élevées pour assurer un extraction rentable.
Pimp my CBD : du CBD passé au bistouri
Par appât du gain, des producteurs de chanvre dit “thérapeutique” ont apposé ces techniques industrielles à la filière du CBD. Ainsi, nombreux sont les magasins de CBD et sites internet à mettre en avant les variétés de fleurs indoor, dotées d’un taux de cannabidiol exagéré.
En tant que magasin CBD, nous recevons foule de propositions de la part de grossistes au catalogue affichant des fleurs indoors et des résines avec des taux de CBD de 30 %, 40 %, 50 %. Et plus le pourcentage de CBD est fort, plus le prix monte, plus la marge est copieuse pour le vendeur…
Pour aller plus loin dans l’effet waouh, les fleurs arborent une plastique parfaite et dégage une odeur amplifiée qui vous saute au nez. Le tout pour justifier des prix plus élevés.
Dans cette veine, vous croiserez les fleurs Moonrocks, Ice rock et autres produits pudiquement appelés “fleurs transformées”.
Un coup de pschitt de terpènes et CBD de synthèse
Autre combine bien rodée du marketing olfactif, certains proposent même de pulvériser sur les fleurs, des terpènes artificiels et de l’isolat de CBD, ni plus ni moins du CBD de synthèse, pour les rendre plus “sexy” à la vente. Lorsque l’on connaît la dangerosité du THC de synthèse, l’utilisation de CBD de synthèse nous semble préoccupante.
Ce qui nous amène à nous demander combien de CBD shop peu scrupuleux emploient ces stratagèmes de vente ?
De la terre, du soleil, du CBD
Chez Great and Green, nous ne travaillons pas avec n’importe qui, pour ne pas vendre n’importe quoi. Pas de terpènes ajoutés, pas de taux de CBD pimpés, pas de produits low cost bidouillés.
Nous travaillons avec un nombre restreint de producteurs dont nous connaissons les produits, les modes de culture et les pratiques. Nous sommes une des rares enseignes CBD en France à privilégier le chanvre cultivé en pleine terre.
Ce positionnement en faveur des fleurs de CBD cultivées en extérieur est d’une part un choix éthique pour privilégier le travail avec de petits producteurs, mais c’est également la conviction que c’est dans ces exploitations que l’on trouve les meilleurs produits.
Vous aimez le vin ? Nous aussi. Par contre, nous n’aimons pas les bouteilles bodybuildées, les breuvages qui collent à la tête et aux intestins. Nous aimons les bons jus exprimant la personnalité de leurs auteurs et de leurs terroirs. Et il nous semble de ce point de vue que cannabis et raisins ont beaucoup de choses en commun.
Raisin et cannabis, même combat ?
Le vin est mort
Dans les années 2000, les grandes maisons viticoles du Bordelais ont succombé aux sirènes des marchés internationaux et standardisé leurs produits pour les adapter à une demande globale.
À force d’utiliser la chimie, avec des techniques de micro-oxygénation et des chocs thermiques pour forcer les tanins et les arômes, l’industrie Bordelaise du vin s’est pris un effet boomerang, le “bordeaux bashing”.
Toute l’appellation s’est retrouvée accusée de faire des vins sans âme, produits surboisés, totalement indigestes et très souvent imbuvables malgré des prix élevés.
“Mondovino”, documentaire de Jonathan Nossiter sorti en 2004 est un excellent manifeste sur le sujet. On y retrouve même des vignerons aussi renommés qu’Aimé Guibert à Daumas Gassac déclarant sans détour : “le vin est mort”.
Et le cannabis ?
Dans la culture du cannabis, même tendance. Certains entrepreneurs ont investi des millions d’euros ou même des milliards comme des fonds de pension canadiens. Et lorsque l’on mise sur des centaines et milliers d’hectares de culture, chaque centime compte. Pas question d’avoir des surprises d’une récolte à l’autre parce qu’il a fait trop chaud ou que le rendement est moindre.
On veut des produits avec une qualité stable, des caractéristiques maîtrisées et on se donne les moyens d’éliminer tout risque de variations pour répondre à une demande globale sur un marché… global.
Le naturel revient au galop
La revanche des vins naturels
Depuis 15 à 20 ans, une nouvelle génération de vignerons s’est affranchie de ces recettes. Pas de chimie ou le moins possible, de la buvabilité et surtout la recherche de l’expression directe du terroir. Le monde du “vin naturel” est aujourd’hui très en vogue.
Ces vignerons sont particulièrement attentifs à leur sols, préfèrent la biodynamie aux produits phytosanitaires, les levures indigènes présentes dans la peau des grains aux levures exogènes (extérieures). Ils privilégient la qualité plutôt que les volumes et prennent les risques des variations de saisons pour proposer des vins vivants.
Les meilleurs de ces artisans sont désormais mondialement reconnus, exportent l’essentiel de leurs productions et amènent les plus grands à prendre le virage de la biodynamie, comme Yquem à Bordeaux.
Les meilleurs de ces artisans sont désormais mondialement reconnus, exportent l’essentiel de leurs productions, et amènent les plus grands à prendre le virage de la biodynamie, comme Yquem à Bordeaux
Labels d’excellence et sommeliers du CBD
Dans le cannabis, on constate le même élan pour le naturel. Le comté de Humboldt en Californie tente de mettre en place un système proche des AOC ou AGP, le CalCannabis Appellations Project.
Il faut dire que les Américains sont devenus si sensibles à la complexité des goûts et parfums du cannabis, que l’on voit émerger des “sommeliers” proposant des master classes autour du sujet.
Cette culture de l’expression du terroir trouve peu à peu un écho parmi les consommateurs de cannabis aux États-Unis, marché très actif et précurseur dans le secteur du CBD.
La culture du terroir, kézako ?
Plus que de la terre, de l’eau et de la lumière
Le terroir se rapporte à un environnement naturel dans sa globalité. Tous ces paramètres entrent en compte pour la production d’un vin. Il en va de même pour le cannabis : arômes, couleurs, matière, goûts et effets.
La notion de terroir regroupe tous les facteurs environnementaux qui peuvent affecter les cultures : composition des sols, climat, températures et amplitudes thermiques, ensoleillement, hygrométrie, vie microbienne. Cela inclut également les méthodes particulières de culture, les arbres et la végétation environnante, les minéraux, les insectes.
Les différents terroirs du CBD
De nombreux cultivateurs témoignent des expressions phénotypiques ou des concentrations de cannabinoïdes uniques de certains plants cultivés dans leur région spécifique.
La plupart des aficionados et des cultivateurs de cannabis savent que différentes zones du globe telles que l’Afghanistan, la Thaïlande, la Californie ou le Maroc sont chacune reconnue pour produire du cannabis doté de qualités distinctes qui ne pourraient être optimisées au même degré dans un terroir différent.
Il en va de même pour la Suisse, l’Italie et la France dans la production de CBD. Chaque variété s’est adaptée à des régions spécifiques et exprime ses spécificités locales.
À l’identique, chaque cépage du vin est constitué d’un patrimoine génétique favorable à l’expression de certains arômes, mais une grande variété aromatique existe entre les vins produits d’un même cépage en fonction de son terroir de culture et des pratiques des producteurs.
Parlons terpènes et terpénols
On sera étonné de savoir que les terpènes, composés responsables des arômes, sont présents dans le cannabis… et également dans certains cépages de raisin. Les terpénols qui sont les terpènes spécifiques du vin sont aussi volatils que leurs cousins du cannabis.
Leur préservation tient donc à la qualité de maturation. Certains processus de vinification ont vocation à “piloter l’expression des terpenols” comme l’élevage sur lies ou l’ajout d’enzymes spécifiques. Mais on s’oriente de plus en plus vers la compréhension des facteurs environnementaux plutôt que la chimie… Bonne nouvelle.
Pour rappel, le vin est obtenu par un mécanisme de fermentation : le jus macère avec les peaux des grains et les micro champignons (levures) existant à la surface des grains vont produire de l’alcool en consommant le sucre contenu dans le jus.
La maturation du vin est obtenue par un séjour prolongé en barique (bois, métal, béton, amphores…). C’est la qualité de cette étape qui permet de préserver et de développer les arômes.
Il en va de même pour le cannabis et le chanvre CBD.
Aux USA certains producteurs comme Napa Valley Fumé ont axé leur positionnement sur le terroir. Le choix du nom dit également beaucoup dans la recherche d’identification au monde du vin…
On mature du CBD comme on mature un grand vin
Les qualités organoleptiques
De la même manière que le raisin doit maturer et fermenter pour développer les qualités organoleptiques du vin, le cannabis suit un cycle similaire. Les fleurs de chanvre affinées et maturées délivreront une palette organoleptique sans commune mesure avec des fleurs encore humides ou séchées hâtivement.
Tout comme le vin, le cannabis gagne en complexité et richesse organoleptique en se maturant. Ce sont les choix de l’éleveur qui permettent d’activer certains aspects ou de les inhiber, tout comme les vignerons dans la tendance naturelle.
La nature a des super-pouvoirs
Le cannabis est une plante dotée de très grandes capacités d’adaptation, mais elle est également très réceptive à son environnement tout comme le raisin.
Il a été démontré que le cannabis indoor développe très rarement les niveaux de terpènes que peut proposer un cannabis cultivé au soleil et correctement maturé.
On est en droit de penser que c’est la culture en extérieur, enrichie par tous les aspects du terroir et une exposition au spectre complet de la lumière du soleil qui est la méthode de culture qui permet au cannabis de se maturer dans les meilleures conditions.
On peut arguer que les fleurs plein champ sont moins jolies que les indoor, mais le goût, les effets et les arômes sont plus riches et plus complexes.
Aux États-Unis, certains producteurs comme Napa Valley Fumé ont axé leur positionnement sur le terroir. Le choix du nom dit également beaucoup dans la recherche d’identification au monde du vin.
Tout étant dit, ce n’est pas parce que le vin est nature qu’il est bon, et ce n’est pas non plus parce que la weed pousse dehors qu’elle goûte bien.